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BYOD et pause numérique : quelle stratégie pour mieux lutter contre le cyberharcèlement ?

Le cyberharcèlement est un fléau grandissant qui touche de plus en plus de jeunes en France. Selon une étude de l’UNICEF, près de 20% d’entre eux déclarent en avoir été victimes. Pour répondre à cette problématique, l’État a mis en place quelques mesures, telles que la loi de 2018 qui interdit l’utilisation des téléphones et autres outils technologiques (à l’exception des usages pédagogiques). Plus récemment. des initiatives comme la nomination d’une commission d’experts et la proposition d’une “Pause Numérique” par la Ministre ont été mises en avant pour limiter les risques liés à l’usage excessif des écrans.

Cependant, face à ces mesures réactives, une autre stratégie, le BYOD (Bring Your Own Device) émerge comme une alternative plus proactive. Cette approche, qui responsabilise les élèves et favorise l’utilisation consciente des technologies, pourrait bien offrir une réponse plus efficace que les interdictions strictes pour lutter contre le cyberharcèlement.  Cet article explore les avantages du BYOD par rapport à la “Pause Numérique” dans le cadre de la lutte contre les dangers du numérique.

La pause numérique : Une approche réactive et limitante

La pause numérique consiste à imposer des périodes de déconnexion totale ou partielle des dispositifs électroniques. Si cette méthode part d’une bonne intention – la protection des élèves au cyberharcèlement – elle présente plusieurs inconvénients majeurs. Tout d’abord, elle ne traite pas le problème de fond : les comportements abusifs continueront à se produire en dehors des heures de “pause”, sans surveillance ni intervention possible.

De plus, la pause numérique peut créer un sentiment de frustration et de désengagement parmi les individus, surtout chez les jeunes, pour qui les appareils numériques sont une partie intégrante de leur vie sociale. En outre, cette approche peut donner une fausse impression de sécurité, en masquant temporairement le problème plutôt qu’en le résolvant.

Pour finir, la mise en oeuvre de la pause numérique n’a pas été pensée en collaboration avec les acteurs de l’éducation, que sont les établissements (le terrain), les collectivités territoriales (en charge de son financement), ni même des laboratoires de recherche (qui apporteraient une méthodologie scientifique à la mesure de l’impact sur les comportements).

Le BYOD : Une approche responsabilisante

Le BYOD est une politique qui permet aux élèves d’utiliser leurs propres appareils électroniques (smartphones, tablettes, ordinateurs portables) pour accéder aux ressources et aux réseaux de l’établissement. Cette approche reflète l’évolution de notre société, où les technologies numériques sont omniprésentes et indispensables. Plutôt que de priver les individus de ces outils, le BYOD les intègre dans un cadre éducatif et sécurisé, tout en inculquant des pratiques responsables.

Cette méthode proactive encourage les utilisateurs à être conscients des risques liés au cyberharcèlement. En ayant accès à leurs propres appareils, ils peuvent être formés à reconnaître et à signaler les comportements abusifs. De plus, cela permet d’instaurer une culture de transparence et de dialogue autour de l’utilisation des technologies, au lieu de créer un environnement où celles-ci sont perçues comme une menace.

Dans le département de La Vienne, trois établissements ont testé l’usage pédagogique des téléphones personnels en classe. Cette expérimentation menée en collaboration entre l’académie de Poitiers, le département, le laboratoire de recherche Techné et Modco s’est avérée très positive en matière d’accès au numérique pédagogique ou encore d’implication des élèves (lire le bilan de l’expérimentation)

(Bring Your Own Device)

Responsabilisation et éducation par le BYOD

Le BYOD offre une opportunité unique de responsabiliser les utilisateurs tout en les éduquant sur les dangers numériques dont le cyberharcèlement. En intégrant les appareils personnels dans un cadre institutionnel, les établissements, en collaborant avec les départements et les académies, peuvent mettre en place des programmes éducatifs spécifiques pour sensibiliser les individus aux bonnes pratiques numériques.

Par exemple, les établissements peuvent organiser des ateliers sur la sécurité, enseigner l’importance de la confidentialité des données, et discuter des conséquences légales et émotionnelles du cyberharcèlement entre autres. De plus, des applications de surveillance et des outils de filtrage, tels que ModCo, peuvent être utilisés sur ces appareils personnels, permettant ainsi de détecter et de prévenir les comportements abusifs.

Cette éducation proactive est essentielle pour développer une culture de respect et de responsabilité en ligne. En donnant aux utilisateurs les outils et les connaissances nécessaires pour naviguer dans l’univers numérique de manière sûre, le BYOD transforme un simple appareil en un moyen d’apprentissage et de protection contre les dangers du numérique.

La flexibilité et l'inclusion du BYOD

L’une des principales forces du BYOD réside dans sa flexibilité. Chaque utilisateur est libre d’utiliser l’appareil avec lequel il se sent le plus à l’aise, ce qui améliore l’expérience d’apprentissage ou de travail. Cela est particulièrement bénéfique pour les personnes ayant des besoins spécifiques, qui peuvent avoir des préférences ou des outils adaptés sur leur propre appareil.

Les dispositifs personnels sont souvent mieux maîtrisés par leurs propriétaires, ce qui réduit les risques d’erreurs ou d’incompréhensions lors de l’utilisation de nouvelles technologies.

Cette flexibilité contribue donc à un environnement plus harmonieux, où les individus se sentent respectés et considérés dans leurs choix personnels. Cela favorise un climat de confiance et de coopération, essentiel pour aborder des sujets sensibles comme le cyberharcèlement.

Plutôt que d’interdire un outil, éduquons les élèves à l’usage raisonné du numérique en classe

Face aux dangers croissants du numérique, le BYOD se distingue comme une approche non seulement innovante, mais aussi essentielle pour la lutte contre le cyberharcèlement. Contrairement à la pause numérique, qui mise sur l’évitement, le BYOD mise sur l’éducation, la responsabilisation et l’inclusion. En intégrant les dispositifs personnels dans un cadre supervisé et éducatif, le BYOD ne se contente pas de minimiser les risques, il prépare les utilisateurs à devenir des acteurs éclairés et responsables du monde numérique. Plutôt que de fuir les technologies, il est temps de les embrasser de manière consciente et informée, pour construire un environnement en ligne plus sûr et respectueux pour tous. Il est essentiel que les établissements et les décideurs adoptent cette stratégie pour protéger efficacement les jeunes générations.

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